Covid-19 et Anecdotes : Les secrets qui ont égayé mon confinement à Edimbourg
Lors de mes soirées de confinement en Écosse, je me suis retrouvée à faire les choses les plus farfelues que l’on puisse imaginer : Transformer mon chien en chat orange, me couvrir de mousse à raser et de linges blancs pour me camoufler dans ma beignoire, fabriquer un masque chirurgical avec l’emballage de mon adaptateur de courant, me déguiser en arc-en-ciel… Je partage aujourd’hui ces anecdotes invraisemblables pour faire honneur à la créativité British, et pourquoi pas donner des idées saugrenues à ceux qui comme moi, aiment ce genre d’humour…
Quelques jours après que Boris Johnson ait officiellement annoncé le confinement en Grande-Bretagne, la personne qui m’a sélectionnée dans le projet au sein duquel je suis actuellement impliquée m’a invitée à prendre part à un jeu. Il me suffirait de me connecter le lendemain soir sur le lien Zoom qu’elle m’avait envoyé. Je n’avais aucune idée de ce dans quoi je me faisais embarquer. La seule instruction que chaque participant avait reçue, c’était de fabriquer un masque pour se protéger du virus en utilisant ce qu’on avait sous la main
Après avoir tourné un peu dans l’appartement à la recherche d’idées, j’ai sorti d’un tiroir l’emballage de mon adaptateur de courant. Une fois vidé des papiers qu’il contenait, la surface arrondie du plastique m’a paru être une bonne option. Me voilà dans ma cuisine, en train de découper l’emballage en forme de masque, en veillant à garder la meilleure place pour mon nez et ma bouche. J’ai utilisé le lacet de mes chaussures de sport pour fixer le masque autour de ma tête. Pour ne pas mourir asphixiée, j’ai dû percer de petits trous dans le plastique.
Quand je me suis connectée au jeu, c’était presque comme à la télé, il y avait une présentatrice et son assistante, en l’espèce la fameuse collègue, et d’autres participants, inconnus. Chacun devait montrer son masque aux autres, et on recevait une note sur la qualité et la créativité de notre œuvre. Les autres idées étaient à la hauteur, pour l’un un soutien-gorge, pour l’autre un masque en papier avec des inscriptions terrifiantes pour repousser le virus. Et on a ainsi eu plusieurs défis à relever tout au long de la soirée. Il fallait par exemple écrire un poème commençant par « quand je mange des prunes », ou jouer l’entrée en scène la plus dramatique possible.
Le jeu s’inspirait d’un programme télévisé britannique appelé « Task Master », soit « le Maître des tâches ». Ce dernier donne des défis drôles et farfelus à relever, mettant la créativité des participants à rude épreuve. Alors me voilà, une bouteille de vin à la main, annonçant, malgré une quinte de toux répétée, à la cantonade, que j’avais attrapé le virus. En terme d’entrée la plus dramatique, c’est l’idée qui m’est venue à l’esprit. Et en fait, je n’ai jamais autant rigolé que lors de cette soirée.
À la fin, le Task Master a annoncé le défi à relever pour le prochain round : Il fallait créer la meilleure représentation artistique de Wilson le chat. Sur la photo qu’elle a affichée à l’écran, Wilson était assis sur un fauteuil noir, et avait le buste légèrement tourné. Alors bien sûr, j’ai décidé d’utiliser mon chien. Le problème, c’est que je n’avais rien d’orange à la maison, pour imiter les teintes du chat. Mais heureusement, ma coloc a trouvé l’idée du siècle. Les sacs plastiques de chez Sainsbury’s !!!
Alors nous voilà, le samedi suivant, découpant des sacs plastiques et les collants ensemble, pour fabriquer un gilet pour Juke. Il a fallu découper des trous à l’endroit de ses pattes et le convaincre de s’assoir dans la même position que le chat pour le cliché. Et finalement, on a obtenu la meilleure note à ce défi ! Mais j’ai moins rigolé lorsque le prochain a été annoncé : Inventer une chanson pour le Task Master avec des instruments fabriqués à la maison.
Bon, sur ce coup, je n’ai pas été top. Avec mes maracas faites à partir de rouleaux de papier toilette remplis de grains de riz, je ne tenais pas la route. Ma coloc a bien essayé de m’accompagner à la caisse claire, c’est-à-dire en tapant sur la passoire avec une cuillère en bois, ça n’a pas suffi à convaincre le Task Master. Les autres participants ont été plus créatifs. L’un d’eux a tendu des élastiques sur un mug, et le son était impressionant. Il fallait qu’on se rattrape lors du prochain défi à réaliser à la maison : Jouer notre scène de film, statue ou œuvre picturale préférée. Et encore une fois, Juke nous a sauvé la vie.
Pour les écossais, le meilleur symbole de la fidélité est probablement Bobby, un chien de race Skye Terrier. Connu pour avoir veillé la tombe de son maître jusqu’à sa propre mort. C’était le chien du policier John Gray, emporté par la tuberculose en 1858 et enterré dans le cimetière Greyfriars, que j’ai visité peu après mon arrivée dans cette ville. On raconte que Bobby n’a jamais voulu quitter la tombe du policier, et que les habitants sont venus le nourrir pendant 14 ans, jusqu’au jour où le fidèle compagnon a rejoint son maître dans les cieux. En plus de la tombe de Bobby au cimetière de Greyfriars, on peut voir une statue dressée à son héfigie. De nombreux films et livres l’ont également choisi comme héros.
Nous, on a pris un carton en guise de pierre tombale, et on a indiqué les mêmes inscriptions que sur la vraie plaque. Puis mon Juke d’amour s’est assis devant.

En fait, ce gros bébé, il a été sollicité à plusieurs reprises lors du jeu. Ce soir-là, il a fallu par exemple rendre quelque chose de mignon en très menaçant. En deux minutes, voici tout ce que j’ai pu trouver :

Après une autre soirée hilarante, le Task Master a annoncé la tâche à préparer pour le dernier round : Inventer le meilleur camouflage possible chez soi. L’heure était grave, aucune idée ne me venait, et pourtant, si je maintenais ma première place, je pourrais remporter le tournoi. Ce n’est qu’à la dernière minute qu’on a trouvé quoi faire, en discutant avec ma coloc. J’ai sauté toute habillée dans la baignoire, et j’ai utilisé de la mousse à raser pour me camoufler. Ma coloc m’a dit que je ressemblais un peu à une momie. Quoi qu’il en soit, voici le résultat :

Et finalement, nous voici réunis pour le round final de cette saison. Notre camouflage a déclenché un fou-rire général et a valu la note maximale !

Et puis au cours de la soirée, on a dû relever quelques autres défis, tous plus farfelus les uns que les autres, comme se déguiser en arc-en-ciel en trois minutes. Ou encore faire ses adieux de la façon la plus dramatique possible. L’une des participantes a démarré un incendie dans son jardin pour simuler la destruction.
Dit comme ça c’est un peu flippant, mais en réalité, c’était incroyablement drôle.
Je ne connaissais pas « Task Master », mais qu’est-ce-qu’on a rigolé ! Confinement ou pas, j’espère qu’il y aura une autre saison. N’oubliez pas que l’humour prolonge notre durée de vie !