Qui est Güler Koca?

« Quand la flèche de la destinée a été lancée, ce n’est pas le bouclier de la prudence qui garantit de ses coups » (Proverbe turc)

Souvent, on me demande comment, n’y voyant presque pas, je fais pour voyager seule. Aucune réponse type à cela, j’ai commencé parce que j’en avais envie, et à chaque voyage mon incapacité extérieurement proclamée s’est estompée. Preuve que les barrières que l’on se forge autour de soi et qui entravent la réalisation de nos rêves ne sont réelles que dans notre imaginaire…

Pour moi, le challenge ne réside pas dans le fait de voyager au sens physique du terme, car pour cela il suffit d’embarquer dans un avion, mais bel et bien de m’intégrer, de faire ma vie à chaque fois, tout en menant mes projets à bien sans connaître personne, dès l’instant où je pose le pied dans un aéroport duquel je ne peux à peine m’extirper sans l’aide de quelqu’un.

Une fois à l’extérieur, ce sera la qualité des rencontres que je ferai qui prendra le relais. J’ai ainsi eu accès à de nombreux coffres-forts sociaux recelant des trésors humains inestimables.

Le déclic a eu lieu à l’aube de ma majorité, lorsque mon père est entré dans la chambre que j’occupais dans notre HLM, et m’a dit que je pourrais travailler dans la fabrique de dentifrice apparemment proche de chez nous. Enfiler les bouchons sur les tubes de produit semblait constituer une tâche qui serait à la portée d’une handicapée. L’immigré/ouvrier rural qu’il était ne disposait pas des ressources nécessaires pour me proposer autre chose, mais cela m’a bouleversée. J’ai palpé l’ampleur du fossé qui existait entre les horizons d’un homme issu de la Turquie rurale des années 70, et les miens. Diplômée en droit international de l’Université de Genève, et en résolution de conflits de l’Université pour la Paix, au Costa Rica, j’ai décidé de repousser les limites de mon handicap aussi loin que possible.

Marathonienne malgré la limitation sensorielle qui me contraint à me déplacer à l’aide d’une canne blanche ou d’un chien guide, j’ai trouvé la force de conquérir le monde, et par mon écriture, je souhaite donner aux autres ce que j’ai de meilleur, sans occulter le pire. Il m’a fallu connaître l’adversité, de toute mon existence, je ne me rappelle pas d’une seule fois où j’ai obtenu ce que je désirais sans déplacer des montagnes.

La vie m’a offert bien plus que je ne pouvais l’espérer, la réalisation d’un rêve en entraînant un autre par ricochet, bien au-delà de mes attentes. Suivre les études de mes rêves aux quatre coins du monde, devenir marathonienne, parler couramment les langues qui me faisaient fantasmer par leur beauté, apprendre à piloter un avion, vivre et m’engager dans des projets humanitaires au sein de pays aussi variés que les Fidji, la Palestine, l’Espagne, le Costa Rica ou le Canada, et me rendre dans tant d’autres comme le Kosovo, la Colombie, l’Inde, les États-Unis…

Bientôt, je tournoyais dans le monde, et faisais des rencontres hors du commun, tout en me construisant. J’ai sauté d’un pays à l’autre comme les gens sautent de relation en relation.

Faisant bien plus que flirter avec chacune de mes destinations, je me suis adonnée corps et âme, sans honte ni pudeur, dévoilant des phases insoupçonnées de ma personnalité. De retour avec le plus beau cadeau que la vie pouvait m’offrir : j’ai maintenant les clés en main pour réaliser mon rêve le plus cher, devenir écrivaine.

À travers mon écriture, je souhaite encourager d’autres personnes à forger leur vie au gré de leur cœur, à dépasser les frontières que la société a érigées pour elle avant même leurs prémisses, à soigner leurs angoisses par la concrétisation de rêves, à se délester des fardeaux qui nous suivent comme notre ombre, à se libérer, s’épanouir dans la plénitude d’un ciel étoilé.

À trop vouloir vivre une vie de rêve, on oublie de vivre la vie telle qu’on la rêve.

Réussir ne consiste pas à avoir une belle maison, un salaire conséquent, un job tranquille et de beaux enfants qui se chamaillent à l’arrière d’un quatre-quatre.

Le bonheur réside dans la réalisation de ses rêves et dans la qualité des relations humaines qui nous entourent et que l’on tisse, la conciliation de ses valeurs dans tout ce que l’on fait et surtout, la conversion des obstacles en valeurs ajoutées à notre bonheur.

Si le voile de la nuit ne nous recouvrait pas, le jour ne pointerait jamais, il y a jour parce qu’il y a nuit, c’est l’équilibre sublime de nos vies.

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