Dans cet article, j’aimerais démontrer que même si la cécité ne constitue qu’une infime partie de mon identité, elle me permet d’opérer une distillation humaine des plus précieuses. Quand on saute d’un pays à l’autre comme je le fais, c’est plutôt un avantage. J’ai besoin de pouvoir compter sur les gens autant qu’ils peuvent compter sur moi.
Au premier abord, mes propos peuvent sembler contradictoires, puisque j’ai présenté le fait que ma cécité ne soit qu’une parcelle de mon être comme une évidence. Et j’ai affirmé, juste après, que cette infime partie de moi-même joue un rôle déterminant dans mes relations sociales. Tout ça peut avoir l’air contradictoire, alors, je m’explique.
Lorsque les résultats ont été annoncés, mon univers s’est illuminé de paillettes multicolores. Une main sur la poitrine, j’ai lentement expiré l’air que j’avais inhalé dans mes poumons compressés, en relâchant peu à peu la pression accumulée au cours de ces dernières semaines. Je venais de décrocher du premier coup mon ticket pour la profession de mes rêves. Heureusement que j’étais déjà assise, car tout semblait tourner autour de moi. Une sensation indescriptible de libération m’a alors envahie, celle d’avoir couru mon plus beau marathon, d’avoir gagné mon plus difficile match, d’avoir nagé ma plus longue distance, d’avoir repoussé les barrières aussi loin que jamais. J’ai effectué mon plus beau voyage, écrit la plus limpide page de ma vie, atteint les étoiles. Seul un cercle de personnes très restreint sait ce par quoi je suis passée pour y parvenir. Alors pour les remercier, et pour étendre ce flambeau à tous les futurs candidats, avec ou sans la vue, j’ai décidé de vulgariser cette expérience. Continuer la lecture…