Les athlètes paralympiques ne sont pas des super-héros

Les athlètes paralympiques ne sont pas des super-héros mais simplement de grands techniciens de leur discipline, et c’est déjà pas mal !

Les Jeux Paralympiques s’achèvent et le baromètre de diversité du CSA retombe déjà à son taux habituel de 0. Il faudra attendre Paris 2024 pour qu’il affiche de nouveau très légèrement à la hausse. Heureusement que la campagne « WeThe15 » elle, va durer 10 ans.

C’est évidemment une excellente chose que depuis Londres, les Jeux Paralympiques commencent à être un peu plus médiatisés. Il faut dire qu’on part de loin, surtout en France, et que nos politiciens ont longtemps ignoré les délégations paralympiques. Je me souviens notamment des Jeux de Pékin où alors qu’elle a récolté plus de médailles que la délégation olympique, le Président n’est pas venu voir la délégation paralympique, comme le souligne l’athlète Assia El Hannouni.

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Détenu de façon arbitraire depuis près de 40 ans

Plaidoirie écrite

Georges Ibrahim Abdallah : celui que l’on nomme souvent « le plus vieux prisonnier politique d’Europe ». C’est cet homme de 71 ans enfermé depuis plus de la moitié de sa vie dans une cellule de Lannemezan dans le sud de la France, et qui a perdu espoir de revoir un jour le jour.

Le Conseil Constitutionnel et la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) l’ont dit : Tout Homme doit garder une perspective d’être libéré, en ayant par exemple, la possibilité de demander des aménagements de peine… En droit français, M Abdallah est libérable depuis le siècle dernier et depuis, il a déposé une dizaine de demandes de libération conditionnelle. En vain.

Le sort expiatoire de M Georges Ibrahim Abdallah a été scellé près de 40 ans plus tôt par une Machine Infernale qui lui a collé l’étiquette de terroriste à l’issue d’un procès inéquitable.

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Avoir un aplomb à toute épreuve ou montrer ses failles

Dans un monde sans pandémie, j’aurais posté cet article depuis Tokyo. Au lieu de quoi, me voilà à la fenêtre de mon studio lyonnais, une tasse de café bien corsé à la main. Il pleut des cordes et ça me fait penser que mon séjour de 4 mois au Japon est tombé à l’eau. À la place, je viens de signer mon premier contrat en tant que consultante et le client n’est nul autre que l’Agence du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies.

Alors comme d’hab, je me sens envahie par mes doutes, décidément ils sont vraiment assidus ceux-là, et je me dis que je ne suis pas à la hauteur, pas légitime, pas compétente, etc. Je m’interroge sur la posture à adopter quand on est recruté par une organisation internationale en tant que consultant sur un projet d’envergure mondiale, et si cela veut dire que l’expertise qu’on propose n’existe pas en interne.

Faut-il faire montre d’un aplomb à toute épreuve, trouver des solutions imparables à tous leurs problèmes, avoir toutes les capacités requises pour mener la mission à bien ? Quelle est la meilleure posture à adopter pour qu’ils aient confiance en mes capacités ? Pour me réconforter, j’avale une autre gorgée de café et je réalise que s’ils m’ont choisie, moi, c’est qu’ils sont déjà censés être convaincus de tout cela, et du coup, j’ai du mal à respirer. Je sens la peur me ronger les entrailles… Suis-je prête ?

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Le système éducatif, une fabrique à exclusion ?

J’ai 5 ans et je m’apprête enfin à assister à mon premier cours de lecture. En route pour de nouveaux univers, là où évasion et aventures sont de mise. J’ignore encore que de nombreuses embûches sont déjà tendues sur mon chemin, transformant cet apprentissage fondamental en véritable quête.

Alice, la maîtresse dessine quelques lettres au tableau. Pour ne rien rater, j’ai pris soin de m’asseoir au premier rang. Sinon, je suis constamment dans la lune et les autres doivent sans cesse attendre que je comprenne ce qu’Alice nous explique.

J’ignore qu’en réalité, j’ai un dysfonctionnement de la rétine qui touche une personne sur 4000. Il se caractérise par un rétrécissement graduel du champ visuel, une incapacité croissante à distinguer dans la nuit et une perte progressive de la vision des couleurs. Ayant toujours eu la même acuité visuelle depuis ma naissance, j’ignore que les autres voient différemment de moi.

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Le retour de voyage : La douche froide

Alors que je traverse l’aéroport d’Édimbourg en sens inverse, je sens la réalité des 180 derniers jours s’estomper un peu plus à chaque pas. J’en ai la gorge serrée et les larmes aux yeux, comme lors d’une rupture amoureuse. Je suis le seul témoin de mon expérience, le seul pont entre l’univers que je m’apprête à regagner et celui que j’ai bâti de mes mains.

Parce qu’une fois de retour en France, il me sera impossible de restituer fidèlement ce que j’ai vécu sans accuser une perte immense. J’aurai beau montrer le peu de photos que j’ai gardées, expliquer mon projet, raconter des anecdotes, révéler comment je me suis retrouvée confinée pendant des semaines avec une personne que je ne connaissais pas avant de venir, ce ne sera qu’une bien piètre restitution de l’intensité de l’expérience que je viens de m’injecter. Loin d’un simple coup de blouse à l’idée de rentrer de vacances passées sur une île paradisiaque, ce que je ressens va bien au-delà…

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Un tour du monde dans mon assiette en 9 escales

C’est en grignotant un chocogrenouille à Édimbourg que j’ai décidé de vous emmener autour du monde, à bord de mon assiette. J’ai fouillé dans une décennie de voyage, pour sélectionner les 9 plus belles choses auxquelles j’ai goûté. Chaque plat sera accompagné d’une anecdote racontant le contexte dans lequel je l’ai mangé. Nous allons faire de magnifiques escales comprenant l’Espagne, le Costa Rica, le Canada, les îles Fidji, le Pérou, la Palestine, l’Inde, la Suisse, pour finir en Écosse, où je me trouve actuellement. Attention, vous allez en avoir plein les papilles en quelques lignes. J’ai hâte de savoir quelle escale vous allez préférer… Alors à table !

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La cécité, un formidable filtre social

Dans cet article, j’aimerais démontrer que même si la cécité ne constitue qu’une infime partie de mon identité, elle me permet d’opérer une distillation humaine des plus précieuses. Quand on saute d’un pays à l’autre comme je le fais, c’est plutôt un avantage. J’ai besoin de pouvoir compter sur les gens autant qu’ils peuvent compter sur moi.

Au premier abord, mes propos peuvent sembler contradictoires, puisque j’ai présenté le fait que ma cécité ne soit qu’une parcelle de mon être comme une évidence. Et j’ai affirmé, juste après, que cette infime partie de moi-même joue un rôle déterminant dans mes relations sociales. Tout ça peut avoir l’air contradictoire, alors, je m’explique.

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Le miracle de la cellule #7

« 7. Kogustaki Mucize » est un drame turc qui met en scène un berger retardé mental condamné à tort à la peine capitale. L’histoire, inspirée d’un film sud-coréen se déroule en 1983, soit un an avant que la dernière exécution ait lieu en Turquie. Plongé au cœur du système carcéral de l’époque, on suit le berger jusque dans la cellule #7 et on est alors suspendu dans le vide, funambule. Le timing laisse présager que c’est lui qui fera l’objet de la dernière exécution du pays.

 

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